Bobillette

Portrait

Par Ariane Chalant

Publié le 22 avril 2025

J’aime la chaleur,
J’aime le soleil,
J’aime le chant de l’oiseau dans un matin d’été,
J’aime l’écriture,
J’aime la lecture
J’aime les textes d’humour et les mots angoissés ;


Je n’aime pas le froid,
Je n’aime pas la pluie,
Sauf si elle vient se fondre dans la mer déchaînée,
Je n’aime pas la moquette,
Je n’aime pas l’uniforme,
Je n’aime pas, dans la vie, me sentir enchaînée ;


J’aime les enfants,
J’aime le rire,
J’aime larmes, silence, solitude,
J’aime les grandes maisons
Où l’espace est ouvert,
J’aime aussi l’espace clos de ma petite voiture ;


Je n’aime pas le sucre,
Je n’aime pas la verveine,
Je n’aime pas la vodka, non plus que les bonbons,
Je n’aime pas le tilleul,
Je n’aime pas les fritons
Mais j’aime le citron, l’estragon, le Bourbon ;


J’aime la musique classique,
Surtout Bach et Schubert, du moins en ce moment,
J’aime aussi les Beattles et leur regard acide
Et tendre et vieillot et révolté souvent ;


Je n’aime pas fumer,
Je n’aime pas traîner,
Je n’aime pas du tout faire mauvaise figure,
Je n’aime pas abuser,
Je n’aime pas reculer,
Je n’aime pas non plus les consignes de droiture ;

J’aime tous les papiers,
Les papiers de couleur,
Les papiers à carreaux,
Les grands et les petits formats,
A condition que leur odeur
Quand je les pose sur le bureau,
appelle quelque chose en moi ;


Je n’aime pas les insectes,
Et surtout pas les poux,
Je n’aime pas les boas, ni les araignées,
Je n’aime pas les ours,
Ni les oiseaux en cage,
Ni tout ce qui rappelle une ménagerie ;


J’aime l’ail et l’oignon,
J’aime bien les poivrons,
Et tous les ingrédients pour faire la ratatouille,
J’aime le camembert,
Et le fromage de chèvre,
Et un bon vin aussi accompagnant le tout ;


J’aime bien l’imprévu,
Je n’aime pas la routine,
Mais j’aime comme tout le monde mes petites habitudes,
J’aime bien les comptines,
Je n’aime pas qu’on te tue,
Infime parcelle de moi que sont mes turpitudes ;


J’aime ton regard clair,
Tes cheveux grisonnants,
Ton estomac replet, toujours si confortable,
J’aime tes mains d’homme mûr,
Ton rire éclatant,
Et puis j’aime bien aussi ton désordre encombrant ;


J’aime votre jeunesse,
Votre confiance en moi,
Ces moments où je suis votre précieux refuge,
J’aime votre tendresse,
Toute cette histoire commune,
Qui fait votre richesse et la mienne et la nôtre.