Bobillette

La sieste

Par Ariane Chalant

Publié le 20 septembre 2025

La sieste provient de mécanismes endogènes, régulés par l’horloge biologique. En début d’après-midi, la quasi-totalité des êtres humains traverse une période physiologique de moindre vigilance, dépendante de la baisse temporaire de la température centrale du corps. Les performances intellectuelles et physiques sont à leur minimum. C’est une fatigue « universelle ».

Pour accompagner ce phénomène naturel, il existe trois types de siestes : La royale, de trente minutes, se fait en position couchée, seul, sinon ce n’est plus une sieste ! La relax dure entre cinq et trente minutes.  La position est libre, dans un fauteuil, un hamac, une chaise longue ou à même le sol. Attention à bien caler sa tête ! pour éviter torticolis et sursauts. La flash, enfin, demande un entraînement. On se laisse aller une minute et on se reprend, on recommence une ou deux fois, jusqu’à cinq minutes maximum. Elle est très revigorante.

La réhabilitation de la sieste est prônée par de nombreux spécialistes du sommeil pour ses effets, entre autres une réduction du taux de cortisol (l’hormone du stress), une récupération musculaire, une restructuration de l’activité cérébrale, notamment mnésique, et une amélioration de la vigilance. Elle permettrait de réduire les risques d’accidents de la circulation. En effet, les statistiques nationales indiquent que la majorité des accidents graves se produisent au cours de périodes chronobiologiques de somnolence maximale (entre 13 et 15 heures et entre 2 et 5 heures du matin). Une sieste de cinq minutes dissout le stress, augmente nos performances physiques et psychiques, et peut réduire jusqu’à deux heures la durée nécessaire du sommeil de la nuit suivante.

La sieste rend plus efficace et permet de gagner du temps. C’est pourquoi les hommes d’affaires surbookés, les entreprises performantes et aussi des hommes politiques, des artistes, etc., encouragent sa pratique.

Quel est le point commun entre Napoléon, Léonard de Vinci, Edison, Victor Hugo, Jacques Chirac, Newton et Archimède ? Ce sont des hommes qui dormaient peu et pratiquaient la sieste ! Napoléon, qui avait un ulcère à l’estomac, dormait très peu la nuit et s’endormait à volonté pour de très brèves périodes dans la journée. Newton faisait une sieste sous un pommier lorsque son cerveau a “vu” la théorie de la gravitation universelle. Chirac, lui, était un spécialiste de la sieste flash. Par ailleurs, en Chine, où les 39 heures n’existent pas, ni la 5e semaine de congés payés, la sieste “xiu xi” est inscrite dans la Constitution ! Oui, absolument. A côté, au Japon, de nombreuses entreprises ont aménagé dans leurs locaux des espaces destinés à la sieste, plus ou moins forcée, de leurs employés. Oui, vous avez bien entendu : sieste obligatoire, pour le bien-être des travailleurs, peut-être, mais surtout pour des raisons de sécurité et de productivité. Nombre d’accidents graves sont dus à la somnolence engendrée par le stress, le surmenage et l’insomnie chronique, pour les ouvriers comme pour les cadres supérieurs.

La sieste doit être pratiquée dans la phase descendante de la température corporelle qui survient après 13 h. D’une manière générale, elle doit demeurer courte et circonstanciée. Une bonne sieste doit durer 30 minutes maximum ! Selon certains experts, 30 minutes de sieste augmentent de 30 % la productivité d’un individu. La vraie sieste se fait dans le calme et dans la pénombre mais pas dans l’obscurité, pour respecter le cycle de la mélatonine, hormone produite par l’épiphyse, qui informe le cerveau sur les durées relatives d’obscurité et de lumière naturelles. Si vous faites la sieste en phase de température ascendante (le matin ou en fin d’après-midi, ou dans l’obscurité complète), vous déréglez votre horloge biologique. Bruno Comby, spécialiste de la sieste-flash, qu’il pratique régulièrement, est l’auteur du premier livre, préfacé par Jacques Chirac, à avoir été publié sur la question, sous le titre : « Éloge de la sieste ».

Alors, faites la sieste. Si vous n’en tirez aucun bénéfice n’insistez pas, je suis désolée pour vous ; si vous en tirez profit, n’hésitez pas et Bienvenue dans l’importante communauté des adeptes de la sieste.