Bobillette

Marée bleue

Par Ariane Chalant

Publié le 9 octobre 2025

Dans l’espace libéré par la mère,

Elle inscrit son nom. La douleur est sévère

Encore qu’inconsciente. Savoir ce qu’elle va faire

De cette perte récente la mettant en guerre

Dans cette relation à l’absente. Femme repaire

Femme des désirs sucrés émergeant de l’amer,

Ni écran, ni pis-aller repère

Elle ne cache ni ne comble le fait de se taire.

Son désir avoué de sa fille, femme de mer

s’exprimait sur le mode d’un fidèle de la terre.

Séparées, elles créaient l’apesanteur de l’air,

Réunies dans le feu, elles se coulaient entières.

Rêves nocturnes, rêves diurnes, images érotiques,

Elle passe des hommes aux femmes dans sa tête magique

Pourtant, de la cabine du bateau amarré

Dans la crique isolée sous le ciel azuré

Au sous-bois couleur d’ambre dont le sol moussu

Est aussi accueillant que protecteur feuillu,

Le chemin est long, entrecoupé parfois

D’images blanches, lit d’autrefois

Où elle manipule le corps de sa mère

Pour l’apaiser et le soigner, asepsie et mystère.

Sentiments vécus seules, hors du chant réciproque

Les maintiennent à l’affût d’un amour univoque.