Bobillette

Genèse

Par Ariane Chalant

Publié le 4 juin 2025

Au terme d’un long périple linéaire et sinueux, une enfance et une adolescence sages et silencieuses, un mariage classique, d’abord lumineux, puis sombre, enfin cahotique, jonché d’épisodes joyeux peuplés, entre autres, de rires d’enfants, ou tristes dans les moments de malheur absolu de la perte de l’un d’entre eux, me voici arrivée au premier jour du reste de ma vie, une nième nouvelle vie, jaugée, appréciée, vécue au présent de la minute. En rendre compte demande du recul.

Ce périple aux multiples croisées de chemins personnels, sociaux et professionnels, a tramé, forgé, tissé, tricoté une vie faite d’échecs et de réussites, autrement dit de joies et d’épreuves d’une vie ordinaire par son humanité, extraordinaire par sa singularité. La répétition des phénomènes joie, peine, facilité, difficulté initie un mouvement de spirale ascendante entraînant renaissances et renouvellements permanents, uniques et éminemment subjectifs. Les observer demande de la hauteur.

Si on la regarde bien, une vie est constituée de bien peu de choses. Des émotions et des sentiments, des actions, des pensées, des événements extérieurs traversés. Il est besoin de moins de pages pour la résumer que de décennies traversées ! 

En même temps, une vie : enfance, adolescence, unions et désunions, famille, amis, vie professionnelle, mort des ascendants, et toute la trajectoire qui la guide, nécessite un nombre de pages illimité. Un seul événement peut faire l’objet d’un roman de trois cents pages !

Voilà, il s’agit bien ici d’écriture, cette langue de la distance et de la maturité.