Bobillette

Temps

Par Ariane Chalant

Publié le 4 juin 2025

Ne pas tenter de réparer l’irréparable

Ne pas s’efforcer de pardonner l’impardonnable

Outrage de l’amour manqué

Colères subites, incontrôlées

Comment raconter cette histoire

Qui traîne depuis si longtemps ?

C’est l’histoire d’une histoire

Qui déborde d’importance

Déjà ces quatre fois quinze ans

Qui ne faisaient plus le printemps

Elle avait laissé passer jusqu’à trois fois

La quatrième elle se l’était offerte.

C’était l’épisode du temps

Le temps donné à la maturation

Le temps des larmes autorisées

Les larmes qui servent à exprimer

Lorsque les mots ne suffisent plus,

Le corps à peine.

Débordement du corps,

Les larmes sont une arme.

Elles servent de repoussoir,

Aucun homme n’y résiste.

Dépité, il tente toujours de fuir.

A quatre fois quinze ans

Ce n’est plus le printemps

C’est le temps retrouvé des années de jeunesse

Où elle manquait de goût et d’adresse

De désir surtout, voilà la solitude.

C’était un temps de retraite

Bénie, désirée, redoutée, cachée

Thébaïde féconde

Il s’agissait de retrouver

Le ton de la colère et puis les mots du fond

Non plus croire ou faire croire

A la culture des apparences.

Tout ce temps nécessaire pour comprendre

L’au-delà des illusions.

Trouver les mots qui apaisent la douleur

Qui réveillent la hargne, la colère et la peur.

Contact, connivence et puis complicité

Pour construire un lien

De paix avec soi-même

Et grâce à ce chemin

Rejoindre enfin les autres.